Ils s’appellent Julie, Océane, Paul, Martine et ont entre 25 et 55 ans. Quatre profils types aux situations, besoins et projets différents. Mais tous ont intérêt à épargner. Et si vous les imitiez ?
Par Pauline Janicot, Agnès Lambert et Marie PellefigueLe 20 octobre 2019 à 15h52, modifié le 20 octobre 2019 à 16h29
Soyons clairs : le contexte économique n’est pas idéal pour commencer à mettre de l’argent de côté. « Les épargnants doivent comprendre que l’époque où les placements rapportaient 5 % par an sans risque est révolue », prévient Maxime Chipoy, directeur du site d’information MoneyVox. Les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi faibles. Et il est aujourd’hui très difficile d’obtenir un rendement satisfaisant sans exposer à l’aléa une partie au moins de son capital.
A 25 ans : épargner pour ses projets
Tout juste entré dans la vie active en tant que community manager, Julien, célibataire de 25 ans, doit assumer son logement en région parisienne, ses charges, ainsi que toutes les dépenses de la vie courante avec 1200 euros net par mois. Pour lui, épargner n’apparaît pas forcément comme une priorité. Pourtant, placer une partie de son revenu, même minime, dans des produits sûrs est fortement recommandé.
La ligne de conduite : économiser lentement mais sûrement. A moyen terme, Julien aimerait devenir propriétaire. Une bonne idée, d’autant plus que son contrat à durée indéterminée joue en sa faveur. Il lui garantit des revenus stables et réguliers, et devrait lui ouvrir plus facilement les portes de l’emprunt. Toutefois, le jeune homme a intérêt à mettre de côté pour se constituer un premier apport qui lui permettra de décrocher un crédit plus avantageux et, par conséquent, de disposer de liquidités en cas de dépense imprévue, comme l’achat d’un ordinateur ou d’un lave-linge.
Les incontournables : les livrets réglementés. Le moyen le plus simple pour se constituer une épargne de précaution, disponible et sûre, et donc utile en cas d’urgence, est d’ouvrir un livret A. Ce produit réglementé est proposé par toutes les banques et ne comporte aucuns frais. Sa rémunération est aujourd’hui fixée à 0,75 %. « Ce taux est garanti jusqu’en février 2020. Ensuite, avec la nouvelle formule de calcul qui doit entrer en vigueur, il devrait baisser », fait remarquer Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a ainsi laissé entendre début octobre que la rémunération du livret A passerait à 0,50 %. Car c’est bien Bercy qui a la main sur le taux de ce dernier. Une décision qui ne remettra pas en cause la hiérarchie des placements pour le particulier.
Si la rémunération du livret A est peu attrayante – avec un taux d’inflation actuel de 1,20 %, elle est même négative -, ce placement conserve néanmoins de sérieux atouts. Tout d’abord, il est garanti par l’Etat. « Or une telle sécurité se paie cher aujourd’hui », constate Philippe Crevel. Il est aussi très souple car il permet de verser et de retirer des sommes à tout moment. Les intérêts sont, enfin, totalement exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.Newsletter – L’essentiel de l’actuChaque matin, l’actualité vue par Le ParisienJE M’INSCRISVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus
Le livret de développement durable et solidaire (LDDS) offre les mêmes avantages, et sa rémunération est identique. En revanche, son plafond de dépôt (12 000 euros) est presque deux fois inférieur à celui du livret A (22 950 euros).
LIRE AUSSI > Près de 300 milliards déposés sur les Livret A des Français
Julien a aussi la possibilité d’ouvrir un livret d’épargne populaire (LEP), dont le taux de rémunération est plus attractif (1,25 %). Ce placement, également exonéré d’impôt et de prélèvements sociaux et proposé par toutes les banques, est réservé à ceux dont les revenus sont modestes. Par exemple, pour qu’une personne célibataire puisse y avoir accès, son revenu fiscal pour l’année 2017 ne doit pas dépasser 19 779 euros. Ce qui est le cas de Julien, qui était encore étudiant à cette date. A noter : le plafond de dépôt est de 7700 euros.
Julien a tout intérêt, en revanche, à renoncer aux livrets bancaires soumis à l’impôt. « Ceux que proposent les banques de réseau ne rapportent en moyenne que 0,11 % par an, avant impôt et prélèvements sociaux », détaille Maxime Chipoy, de MoneyVox. Et les banques en ligne ne font guère mieux : ces placements rapportent 0,05 % chez Boursorama et ING, 0,50 % chez Orange Bank, et jusqu’à 0,90 % chez RCI Banque.
Côté fiscalité, ces livrets sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % ou, sur option, à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux. Julien n’est pas imposable, il devrait donc régler seulement 17,20 % de prélèvements sociaux. S’il choisit le livret Zesto de RCI Banque, il bénéficiera d’une rémunération nette de 0,74 %. C’est un peu moins que le livret A, le LDDS et le LEP. Le seul véritable atout de ces produits est l’absence de plafond : il est ainsi possible d’y déposer plusieurs millions d’euros !
Cela peut se révéler utile à certains épargnants qui ont besoin de placer une somme importante en attente de réinvestissement. Mais cet avantage ne concerne guère Julien, qui commence à peine à se constituer un pécule !
Le piège à éviter : souscrire un plan d’épargne logement. Autrefois chouchou des épargnants français qui voulaient se constituer un capital pour devenir propriétaires, ouvrir un plan d’épargne logement (PEL) a perdu tout attrait depuis 2018. Il ne rapporte plus que 1 % brut par an, avec des intérêts imposables dès la première année. La prime d’Etat qui permettait de booster la rémunération à terme a disparu. Pis, pour bénéficier de cette maigre rémunération, il faut laisser son épargne bloquée sur le PEL pendant au moins deux ans.
L’astuce : programmer des versements automatiques. Epargner sans s’en préoccuper ? C’est possible avec les services d’abonnement. Proposés gratuitement par toutes les banques, et disponibles pour tous les placements, ils sont adaptés aux produits de trésorerie, comme les livrets réglementés. Leur fonctionnement est simple : des virements sont programmés chaque mois d’un compte vers un autre.
Avec une telle solution, la banque de Julien alimentera automatiquement ses produits d’épargne (LDP, livret A et LDDS) en puisant dans son compte courant. A lui de fixer le montant. Mais il peut aussi le modifier librement à la hausse (en cas d’augmentation de salaire, par exemple) comme à la baisse (pour faire face à des dépenses imprévues), voire suspendre le prélèvement. Le tout en un clic. Car désormais, les services en ligne et les applications de tous les établissements bancaires permettent à leurs clients de paramétrer eux-mêmes ces versements programmés.
A 35 ans : assurer ses arrières
Océane, assistante de direction dans une PME agroalimentaire (2000 euros net par mois), a bien fait les choses. Dès qu’elle l’a pu, elle est devenue propriétaire d’un logement de 75 m² à Nantes (Loire-Atlantique). Un appartement qu’elle a financé en empruntant avec son compagnon sur une durée de 20 ans, à des conditions avantageuses. Les taux de crédit immobilier n’ont en effet jamais été aussi bas. Ils s’élèvent, en moyenne, à 1,17 %, selon l’observatoire Crédit logement CSA. Il reste à la jeune femme de 35 ans à faire le point sur ses placements. Hélas, les livrets garantis ne rapportent plus rien ou presque. Seul le risque paie, sur le long terme.
La ligne de conduite : réfléchir sur le long terme. En plus de rembourser sa part des mensualités du crédit immobilier, soit 550 euros par mois, Océane peut épargner tous les mois, même une petite somme, sur différents placements. Elle va ainsi faire fructifier ses avoirs pendant plusieurs années. Grâce aux gains réalisés, elle pourra procéder, à terme, à des travaux de rénovation et d’isolation dans son logement, ou financer les études de ses enfants, par exemple.
Les incontournables : assurance-vie et plan d’épargne entreprise. Comme 38 millions de Français, la jeune femme a opté pour une assurance-vie. Ce placement permet de disposer d’une cagnotte dans laquelle piocher en cas de besoin. Sa fiscalité est avantageuse, en particulier au bout de 8 ans de détention. Car, en cas de retrait après ce délai, seule la plus-value est soumise à l’impôt sur le revenu, ou au prélèvement de 7,50 % (pour la part correspondant aux versements inférieurs à 150 000 euros), après un abattement de 4600 euros pour un célibataire (9200 euros pour un couple). S’ajoutent ensuite des prélèvements sociaux de 17,20 %.
Océane peut également désigner ses deux enfants comme bénéficiaires du contrat. Si elle disparaissait prématurément, ces derniers toucheraient les capitaux hors succession, et sans être taxés (dans la limite de 152 500 euros par bénéficiaire). Dans cette enveloppe, la trentenaire, qui n’est pas très familière de la Bourse, peut dans l’immédiat opter pour un fonds en euros – plus de 70 % des versements en assurance-vie se font sur ce type de fonds. Son capital et les gains accumulés annuellement resteront parfaitement à l’abri.
Mais comme tous les placements sans risque, son rendement s’étiole ces dernières années. « En 2018, les fonds en euros ont rapporté en moyenne 1,80 %. L’an prochain, leur rendement moyen devrait tomber aux alentours de 1,40 % », estime Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site sur l’assurance-vie Good Value for Money.
Pour espérer obtenir un peu plus, Océane peut se tourner vers des fonds en euros plus performants, accessibles dans les contrats gérés par des associations d’épargnants ou certaines mutuelles. A l’instar du Compte épargne libre avenir de la MIF (2,35 % en 2018) ou du RES Multisupport de MACSF (2,20 % en 2018). Ainsi, si elle place 80 euros par mois sur un fonds rémunéré à 2 % par an, son capital atteindra environ 11 500 euros dans 10 ans.
En parallèle, Océane détient un Plan d’épargne entreprise (PEE). Elle y fait des versements réguliers afin de profiter de l’abondement de son employeur. Elle peut aussi y placer sa participation aux bénéfices (obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés) et sa prime d’intéressement, si elle en bénéficie. Le PEE constitue une enveloppe très intéressante pour bâtir un capital à moindre coût. Les frais de gestion sont inférieurs à ceux de l’assurance-vie, et l’entreprise prend généralement en charge ceux de tenue de compte. De plus, toutes les sommes versées échappent à l’impôt sur le revenu, et sont soumises à des cotisations sociales réduites à 8 %.
Seule contrainte, l’épargne versée sur un PEE est bloquée pendant au moins 5 ans. « Mais la loi autorise une dizaine de cas de déblocages anticipés permettant de récupérer ses avoirs quand on le souhaite », précise Hubert Clerbois, fondateur de la société de conseil EPS Partenaires. La naissance d’un troisième enfant, l’acquisition ou l’agrandissement de sa résidence principale, ou encore l’achat d’actions ainsi que de parts sociales de son entreprise, par exemple. « Ce dernier cas de déblocage a été ajouté par la loi Pacte, votée au printemps dernier », relève Hubert Clerbois. Le PEE intègre des fonds monétaires (sécuritaires), obligataires, actions ou diversifiés. « Depuis la loi Pacte, le règlement du PEE doit d’ailleurs proposer une aide à la décision pour accompagner les bénéficiaires de plans dans leur choix d’investissement », note Hubert Clerbois.
Le piège à éviter : laisser végéter son plan d’épargne entreprise. Ce n’est pas parce que vos avoirs sont bloqués pendant au moins 5 ans sur un plan d’épargne entreprise (PEE) qu’il faut les oublier ! Par défaut, les sommes d’un PEE sont placées sur des fonds monétaires, ce qui n’est pas une bonne idée en l’absence de projet à court terme. « Les rendements de ces fonds ne permettent plus de préserver le capital », prévient Hubert Clerbois, fondateur d’EPS Partenaires. Il faut donc faire des arbitrages vers des fonds actions ou diversifiés pour optimiser vos rendements, et les faire fructifier sur 8 à 10 ans.
L’astuce : rester attentif aux frais. Toutes les assurances-vie prélèvent des frais, notamment de gestion, à leurs souscripteurs. A terme, ces derniers peuvent sérieusement grignoter le montant de l’épargne, surtout si l’on considère le faible rendement des fonds en euros. Il convient aussi de vérifier les frais ponctionnés sur chaque versement. S’il n’y en a pas pour les contrats distribués sur Internet, ils sont généralement compris entre 1 et 2,50 %, voire 5 % ailleurs.
Et cela ne devrait pas aller en s’améliorant. Dans un contexte de taux d’intérêt négatifs, certains assureurs veulent désormais limiter la collecte sur leurs fonds en euros. Generali a par exemple laissé entendre qu’il appliquera dès l’an prochain des frais d’entrée sur ce support sans risque. Il veut aussi inciter les épargnants à investir au moins 60 % de leurs versements sur les unités de compte, des fonds plus risqués. D’autres assureurs (Suravenir, Allianz…) devraient l’imiter.
A 45 ans : étoffer son patrimoine
Pour comparer les différents placements, il est indispensable de tenir compte de leur régime fiscal. Car ce n’est pas le taux facial d’un produit d’épargne qui importe, mais bien ce qui, à la fin de l’année, termine dans la poche de son détenteur. Un conseil que Paul, cadre de 45 ans à 4600 euros net par mois, qui cherche à diversifier ses placements, entend bien suivre.
En effet, une poignée de produits, comme le livret A et le livret de développement durable et solidaire (LDDS), sont exonérés d’impôt. Mais, pour l’immense majorité des autres placements, la fiscalité réduit sensiblement le gain net pour l’épargnant. Toutefois, il existe des enveloppes permettant d’échapper pour tout ou partie à l’impôt. C’est le cas notamment du plan d’épargne en actions et de l’assurance-vie, qui bénéficient de l’assouplissement induit par la loi Pacte du 22 mai 2019. Une bonne nouvelle pour Paul !
La ligne de conduite : prendre des risques et diversifier ses placements. Divorcé depuis deux ans, le père de famille a pris ses marques dans sa nouvelle vie. L’appartement qu’il détenait avec sa femme a été vendu et il a pu acheter un autre bien, en profitant des taux actuellement très faibles des crédits immobiliers. Son fils de 10 ans vit une semaine sur deux avec lui. Paul doit désormais revoir sa stratégie patrimoniale, un peu négligée depuis quelque temps.
Pour l’heure, il détient toujours son contrat d’assurance-vie, mais celui-ci est exclusivement placé sur un fonds en euros, sans risque. Son rendement le déçoit. En revanche, il a quasiment vidé son PEE pour acheter son nouvel appartement. Au rang des priorités, Paul doit augmenter son épargne pour se reconstituer un capital. Mais aussi diversifier ses placements, trop sécuritaires. La solution pour booster la performance de son patrimoine ? Placer une fraction de son capital sur des placements risqués, tels que les actions.
Les incontournables : plan d’épargne en actions et unités de compte. Le temps est venu pour Paul d’ouvrir un plan d’épargne en actions (PEA) dans sa banque. Cette enveloppe permet d’investir jusqu’à 150 000 euros, en actions européennes uniquement, dans un cadre fiscal privilégié : les gains sont exonérés d’impôt en cas de retrait après le cinquième anniversaire, seuls les prélèvements sociaux (17,20 %) restant dus ! « Il est recommandé d’ouvrir un PEA pour prendre date, même si l’on investit qu’une faible somme, car cela fait démarrer le compteur fiscal des cinq ans », résume Maxime Vermesse, directeur de Meeschaert Gestion privée. A noter, Paul n’a pas besoin d’être un spécialiste de la Bourse pour souscrire un tel placement. S’il peut investir en direct sur des actions cotées, il a aussi la possibilité d’y loger des fonds investis en actions sélectionnées par un professionnel.
Seconde priorité, Paul doit modifier la répartition de son contrat d’assurance-vie. Celui-ci n’est aujourd’hui investi que sur un fonds en euros qui ne lui a rapporté que 1,80 % en moyenne l’an dernier. Il s’apprête donc à diversifier ses placements, en se tournant vers les unités de compte. Ces fonds éligibles à l’assurance-vie permettent d’investir notamment sur les marchés d’actions, et sont donc soumis à leurs fluctuations. « Les compagnies d’assurance octroient de plus en plus souvent un bonus de rémunération de l’ordre de 0,10 à 0,50 % sur le fonds en euros aux épargnants investissant de 30 à 50 % en unités de compte », précise Maxime Vermesse.
De quoi motiver Paul, qui peut faire d’une pierre deux coups, doper le rendement de son fonds en euros tout en visant une performance bien plus significative sur le long terme grâce aux unités de compte. Certaines d’entre elles présentent un risque élevé. C’est le cas par exemple de celles investies en actions des marchés émergents. D’autres ont une approche plus sécuritaire, comme les fonds à profil de risque prudent, comprenant toutes les classes d’actifs (monétaires, obligations et actions).
La performance dépend bien entendu du produit choisi. En moyenne, les unités de compte ont progressé de 5,3 % en 2017, et perdu 8,9 % en 2018, dans un contexte de chahut généralisé sur les Bourses mondiales. L’année 2019 devrait permettre de redresser la barre, puisque les marchés financiers s’envolent depuis le 1er janvier : + 7 % pour le FTSE britannique, + 13,5 % pour le Dow Jones américain, + 14,5 % pour le DAX allemand, + 16,7 % pour le CAC 40.
Reste ensuite à suivre son contrat dans la durée. « Tout dépend de la situation personnelle et des contraintes du client. Il est conseillé de faire le point au minimum une fois par an avec son conseiller, afin de vérifier que la répartition de son contrat reste cohérente avec ses objectifs et son environnement financier », conclut Marie Da mourette, ingénieure patrimoniale chez Neuflize OBC.
Le piège à éviter : réagir à la moindre baisse des marchés. Il ne faut pas se laisser impressionner par le moindre soubresaut de la Bourse, au risque d’acheter au plus haut et de vendre au pire moment. Les marchés sont volatils : l’indice parisien CAC 40 a chuté de 14 % au dernier trimestre 2018, avant de remonter en flèche de 18 % entre janvier et avril 2019. Dans la pratique, même les gérants chevronnés ont du mal à bien maîtriser le timing d’investissement. La bonne attitude consiste à conserver ses positions dans la durée, sur plusieurs années, afin de maximiser le gain.
L’astuce : solliciter un professionnel. Si l’on a ni le temps ni l’envie de gérer soi-même son contrat d’assurance-vie, il est possible de confier cette tâche à un spécialiste. De plus en plus de contrats proposent un service de gestion pilotée permettant de déléguer la sélection des unités de compte et leur répartition. L’épargnant se contente de choisir son profil de risque.
Autrefois réservée aux clients haut de gamme, cette offre s’est démocratisée ces dernières années grâce au développement des contrats en ligne. Ainsi, elle est accessible dès 300 euros d’investissements chez Altaprofits, Boursorama et ING, 500 euros chez Mesplacements.fr, 1000 euros chez Fortuneo et Linxea, 5000 euros chez BforBank. Parfois gratuit, ce service peut augmenter les frais de gestion des unités de compte de 0,10 % maximum. Autre solution : les robots-conseillers comme Nalo, WeSave ou Yomoni proposent une gestion automatisée grâce à des algorithmes qui font évoluer le portefeuille en fonction des marchés.
A 55 ans : préparer sa retraite
Une fois sa résidence principale achetée et son épargne investie dans différents placements, il est temps de s’intéresser à sa retraite. Comme de nombreux Français, Martine et son mari ont attendu que leur dernier enfant ait terminé ses études pour se pencher davantage sur la question.
Une stratégie pas si mauvaise : à 55 ans, la professeure de Français à Dijon a une idée bien plus claire du montant estimé de sa pension, tout comme Jean-Claude, son époux de 58 ans. « A partir de 50 ans, les caisses de retraite fournissent une projection assez précise de ce qu’elles verseront à leurs cotisants, car l’essentiel de leur carrière est derrière eux », confirme Dominique Prévert, associé fondateur du cabinet Optimaretraite.
La ligne de conduite : compléter ses revenus. Martine a l’intention de se retirer de la vie professionnelle à 65 ans et espère conserver son train de vie. Comme elle a arrêté de travailler quelques années pour élever ses trois enfants, elle doit continuer au-delà de l’âge légal de départ à la retraite (62 ans) pour éviter les minorations de pension. D’après ses simulations, cette fonctionnaire, qui gagne 2200 euros par mois, ne devrait pas voir ses revenus beaucoup chuter.
Mais son mari Jean-Claude, restaurateur affilié au régime des indépendants, cotise moins qu’elle. Sa pension va être nettement inférieure à son dernier salaire, ce qui va peser sur le pouvoir d’achat du couple. Tous deux cherchent donc des solutions pour obtenir de futurs revenus complémentaires.
Les incontournables : investissements immobiliers et plans épargne retraite. Premier conseil : Martine pourrait se lancer, avec son mari, dans l’immobilier locatif. « Les taux d’intérêt des crédits immobiliers ont encore baissé : nous finançons les acheteurs au profil peu risqué à 0,60 % sur 15 ans », indique Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi. Le couple dispose déjà d’un petit patrimoine placé en assurance-vie. Il va pouvoir en récupérer une partie pour acquérir un appartement. Il complétera son enveloppe de financement par un crédit sur 10 ans. Il espère ainsi réduire la durée de remboursement pour la faire coïncider avec le début de la retraite. Martine et Jean-Claude paieront les mensualités du prêt immobilier grâce aux revenus tirés de leur investissement locatif. Une fois le crédit remboursé, le loyer leur permettra, tous les mois, d’augmenter leurs revenus.
En parallèle, Martine et Jean-Claude peuvent acheter des parts dans une société civile de placement immobilier (SCPI). Et, ainsi, investir dans l’immobilier d’entreprise (bureaux, locaux d’activité, commerces, entrepôts…). « Ces SCPI permettent à leurs souscripteurs de toucher un revenu régulier et sont donc parfaitement adaptées à la retraite », explique Jonathan Dhiver, fondateur du site spécialisé Meilleurescpi.com.
Grâce à ce produit, géré par un professionnel, le couple diversifiera ses avoirs. Ce qui lui assurera davantage de sécurité en cas de crise sur l’un des deux marchés immobiliers. De plus, les parts de SCPI affichent une excellente rentabilité. En 2018, elles ont rapporté 4,35 %. Au vu du niveau très bas des taux d’intérêt des crédits, le couple peut emprunter pour acheter ses parts de SCPI. Cela lui permettra d’augmenter le montant de son investissement, puisque les revenus tirés de ces placements couvriront une large part des mensualités d’emprunt.
De son côté, Martine a intérêt à alimenter ses produits retraite, afin d’épargner en toute sécurité. En tant que fonctionnaire, la quinquagénaire a déjà cotisé à la Préfon, sur un plan d’épargne. Elle a aussi souscrit un plan d’épargne retraite populaire (Perp) à sa banque. Ces produits « tunnel » bloquent l’argent jusqu’à la retraite, sauf cas particuliers (une invalidité lourde par exemple). Une part des sommes investies est déductible des revenus imposables. A la sortie, il est possible de récupérer son épargne intégralement en rente viagère, versée régulièrement jusqu’au décès, ou à 20 % en capital et 80 % en rente viagère.
L’enseignante sait que la loi Pacte, votée en mai 2019, a réformé l’épargne retraite en introduisant un nouveau placement : le plan d’épargne retraite (PER). Là aussi, une partie des cotisations sont défiscalisées. Mais le PER « offre davantage de liberté, puisqu’il permet de sortir à la retraite en rente viagère ou intégralement en capital, au choix du souscripteur », souligne Jérôme Dedeyan, associé fondateur d’Eres, société de gestion d’épargne salariale et de retraite. De plus, les cas de déblocages anticipés sont plus nombreux qu’auparavant (achat de la résidence principale, notamment). Martine va donc pouvoir souscrire ce nouveau produit, disponible depuis le 1er octobre, et y transférer toutes les sommes épargnées auparavant sur son Perp et son Préfon.
Le piège à éviter : accorder trop d’importance à la «carotte fiscale». Les ménages de 50 ans et plus avec des revenus confortables constituent des cibles idéales pour les « vendeurs de défiscalisation ». Ces derniers mettent en avant l’économie d’impôts attachée à la souscription de certains placements. Attention ! Cette « carotte fiscale » doit toujours être vue comme un plus, mais ne jamais constituer le premier atout d’un investissement !
L’astuce : organiser sa succession. A l’approche de la retraite, faites le point sur la situation financière de votre famille. Beaucoup d’épargnants décident de donner un coup de pouce à leurs enfants quand ils débutent dans la vie professionnelle. Mais pas toujours de façon équitable. Le risque ? Une fois la succession ouverte, ceux qui n’ont pas bénéficié d’une donation peuvent demander des comptes à leurs frères et sœurs gratifiés antérieurement. Pour éviter les bisbilles, mieux vaut prendre conseil auprès d’un notaire. Il connaît sur le bout des doigts les différents outils juridiques destinés à transmettre, dans les règles, son patrimoine. Il pourra par exemple préconiser une donation-partage, ou rédiger en bonne et due forme un testament équilibré.
Source : Le Parisien
Laisser une réponse
Vous devez êtreconnecté pour poster un commentaire.